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4/24/2015

Guirec, dit l’homme à la poule

De bon matin, sur la plage de St Jean, on peut assister à ce curieux spectacle : un résident du mouillage de la baie débarque en annexe accompagné d’une poule rousse. L’agile gallinacé bondit avec grâce du canot à la plage, puis traverse l’anse de St Jean en trottinant derrière son maître. Il s’agit de Guirec et de sa poule Monique. Ils ont déjà traversé l’Atlantique ensemble pour venir jusqu’à nous, et préparent leur départ… pour le Groenland !
L’histoire commence lorsque Guirec, jeune Breton originaire de l’île Yvinec, mal à son aise sur les bancs de l’école, choisit l’apprentissage par le voyage. Il part pour l’Australie avec 200 euros en poche et pas un mot d’anglais. Les premiers temps sont durs, mais de petit boulot en petit boulot, le voilà qui s’achète un vélo, avec lequel il va parcourir près de 2000 km de pays. Il finira par travailler sur un chalutier, ce qui lui permettra de rentrer en Bretagne avec un petit pécule, de quoi réaliser son rêve de toujours : acheter un voilier. Guirec le choisit avec une coque en acier, pour pouvoir voyager dans les glaces, et le baptise Yvinec.
Si Guirec connait bien la mer, il apprend la voile sur le tas. Les débuts sont difficiles, mais il en faut plus pour décourager notre breton. Et en juin 2014, le voici parti pour une transat. Lors d’une escale aux Canaries, il rencontre Monique la poule, et c’est le coup de foudre. Contre l’avis général, selon lequel «une poule stressée ne pond pas», Guirec embarque Monique. D’une nature visiblement très détendue, celle-ci lui donnera 25 œufs en 28 jours de traversée.
Pour leur escale aux Antilles, on leur avait chaudement recommandé St Barthélemy. Guirec et Monique résident parmi nous depuis maintenant presque un an. Une année de complicité, de sports nautiques (Monique surf avec Guirec) et de rencontres : enfants de l’île, personnalités telles que Yann Arthus-Bertrand, Loïc Peyron, Philippe Poupon, Géraldine Danon, Eric Dumont… Leur célébrité n’a de cesse de s’étendre, le charisme de ce duo hors du commun ayant déjà conquis bien des médias (VSD, France Dimanche, Voiles et Voiliers, Europe 1…). Même l’émission Thalassa a prévu de leur consacrer un reportage.
Il est à présent temps pour eux de poursuivre leur périple autour du monde, dans sa partie la plus folle : cap sur le Groenland, pour se laisser emprisonner dans les glaces, vivre avec les Inuits, adopter un husky, connaître la longue nuit de trois mois, chasser, pêcher, tourner un reportage sur la vie en autarcie avec Monique… Et pour cela, Guirec et Monique ont besoin de notre aide.
Si vous souhaitez participer à cette grande aventure, rendez-vous sur le site de financement participatif ulule : http://fr.ulule.com/monique-guirec. Le projet y est expliqué en détails, et toute aide est la bienvenue, du simple coup de main au sponsoring officiel (et nul doute que Guirec va réussir à donner le maximum de visibilité à son projet…).

7/07/2014

Adieu à la Sirène

La Sirène - Antigua Classic Yacht Regatta - © Tim Wright

Les Voiles de St Barth 2011 à bord de la Sirène


C'est sans doutes le plus vieux bateau de l'île qui s'en est allé par le fond dans la nuit du 28 juin. Un bateau, cela a une âme, me dit Jean-Louis, amateur de beaux gréements à l'initiative de cet article. Alors écrivons son histoire avant qu'il ne sombre encore, mais dans l'oubli cette fois. C'est en 1933 que la Sirène voit le jour sur un chantier naval bordelais. A la demande de son commanditaire, Mr Greloud, les frères Salmoiraghi, charpentiers de marines, construisent ce voilier de 8 mètres à l'ossature en chêne d'après une réduction des plans du Friendship Sloop dessinée par l'architecte naval Ralph Winslow. Ce type de bateau était alors utilisé dans le Maine (USA) pour la pêche à la langouste et la promenade. D'après Mr Greloud, ce voilier est "imbattable dans les régates au "Handicap National", la jauge de l'époque en France". La Sirène est vendue en 1937, puis revendue un an plus tard. La guerre arrive, et le bateau délaissé se détériore. En 1950, il séduit un amateur Bordelais, Mr Blanchy, qui l'acquière, le ramène à son port d'origine et le rénove entièrement. A sa mort, le bateau est vendu en Méditerranée. Nous perdons alors sa trace pendant 20 ans, et le retrouvons en 1970 dans le port de Sète, puis à Bordeaux, puis en Bretagne. En 1996, il traverse l'Atlantique, portant à son bord un capitaine originaire des îles Canaries et sa famille. Arrivés à St Barthélemy, ils souhaitent s'en séparer pour en acquérir un plus spacieux. David Pertel, jeune charpentier sur l'île depuis tout juste un an, tombe amoureux de la Sirène et se porte acquéreur. S'en suit une année de rénovations : le bateau est sorti à terre, David y travaille sans relâche, dans le respect des matériaux d'origine et des techniques à l'ancienne. Et vogue la Sirène… Au gré des saisons cycloniques, elle emmènera David, selon les années, à Trinidad, au Venezuela… Navigations entrecoupées de fréquentes sorties à terre, pour tout l'entretien que demande une vielle dame des mers en bois. David et sa Sirène ont participé à la première édition des Voiles de St Barth en 2011, dans la catégorie Classique. La même année, ils emporteront une première place dans leur catégorie à la Antigua Classic Yacht Regatta. Mais même les plus jolies histoires ont une fin. Dans la nuit du 28 au 29 juin 2014, alors qu'un coup de vent secoue le mouillage de Gustavia, la Sirène rompt ses amarres. Seule, elle sort du port, évitant on ne sait comment les nombreux voiliers mouillés sur son passage. Elle met le cap sur Gros Îlet, en évitant, encore une fois, les roches affleurant sur sa route. C'est là qu'elle s'est abimée, à 81 ans. Je ne sais pas si les bateaux ont une âme, mais s'ils pouvaient parler, ils auraient certainement beaucoup d'histoires à nous raconter.